Samedi 17 octobre à 17h30, salle Jean Jaurès à Uzerche : conférence « Architectures de dentelle »

Conférence donnée dans le cadre de la préparation d’un spectacle de danse extrait de la pièce du chorégraphe Hervé Koubi Ce que le jour doit à la nuit.

https://www.cie-koubi.fr/créations-shows/ce-que-le-jour-doit-à-la-nuit/

https://www.lamontagne.fr/brive-la-gaillarde-19100/loisirs/comment-douze-danseurs-de-correze-vont-bientot-se-retrouver-sur-la-scene-du-theatre-de-chaillot-a-paris_13846872/

Depuis une quinzaine d’années, les moucharabiehs des palais mauresques et les dentelles des vitraux des cathédrales ont connu une nouvelle interprétation dans l’architecture grâce aux matériaux ultra performants et aux logiciels informatiques qui permettent de déployer d’impressionnantes résilles de métal ou de béton. Souvent, elles forment une enveloppe qui abolit la distinction entre les différentes parties du bâtiment. Dans tous les cas, elles créent à l’intérieur de fascinants jeux d’ombres et de lumières. Les procédés architecturaux se transmettent à travers les siècles, les pays et les continents : Al-Andalous et le gothique du XIIe au XVe siècle, le gothic revival et l’orientalisme au XIXe siècle. Puis au XXe siècle, l’utilisation du béton engendre des prouesses de délicatesse : l’église Notre-Dame du Raincy d’Auguste Perret, la cathédrale de Tarente de Gio Ponti. Parmi les figures françaises de l’architecture contemporaine, plusieurs ont particulièrement travaillé sur le motif de la dentelle : Jean Nouvel avec L’Institut du monde arabe à Paris, la Tour Doha au Qatar et Le Louvre d’Abu Dhabi ; Rudy Ricciotti avec le MuCEM à Marseille ; Manuelle Gautrand avec l’extension du musée d’art moderne de Lille (LAM) et le projet de Tour Phare à La Défense.

MARSEILLE_MuCEM © Lisa Ricciotti

L’Esthétique des Trente Glorieuses, colloque de Cerisy

Bulletin de souscription pour L’Esthétique des Trente Glorieuses, sous la direction de Gwenaële Rot et François Vatin :

« On considère avec nostalgie les Trente Glorieuses comme si, dans les années 1945-1975, avait régné l’abondance économique, alors qu’il fallait d’abord reconstruire un pays en ruine, mais on dénigre son bilan idéologique et culturel, qui aurait été dominé par une croyance illusoire au progrès. Pollution, urbanisme sans âme, matières plastiques imputrescibles, tels seraient les seuls legs de ce temps d’inconscience. Aussi, l’architecture et l’art monumental des Trente Glorieuses, encore mal-aimés, ont subi beaucoup de destructions et commencent à peine à être patrimonialisés.

Or, comme le montrent les études réunies ici, en dépit de l’urgence de la reconstruction, on a accordé à cette époque une grande importance aux questions esthétiques. On faisait confiance aux nouveaux moyens techniques pour faire du beau moins cher à destination du plus grand nombre. Esthétique fonctionnelle et démocratisation artistique sont étroitement liées. On comprend dès lors le rôle central de l’industrie dans les représentations de ce temps. Contre l’opposition romantique du beau et de l’utile, il fallait réinstaller le monde industriel dans les valeurs humaines. Les usines, aussi, devaient être belles comme fonctionnelles, et constituer un objet d’intérêt pour l’art. La démocratisation du beau exigeait qu’il s’impose dans les lieux de travail. Inversement, l’expérience industrielle de la simplicité, de la cohérence, pouvait nourrir l’inspiration artistique.

Réunissant vingt-quatre spécialistes qui croisent leurs multiples terrains, cet ouvrage vise, non à défendre l’esthétique des Trente Glorieuses, mais à la restituer dans sa complexité. Il invite le lecteur à regarder un peu différemment un passé trop proche pour qu’on puisse encore pleinement l’estimer. »

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Reynold Arnould, Le Travail de la Cité, 1963, Palais des Consuls de Rouen